LA FABRICATION

La fabrication de carreaux de faïences de Courboissy s’est inscrite dans une logique d’une région qui a vu depuis plus de 50 ans la création et la vente de carreaux émaillés, unis ou décorés. A l’origine de ce développement, l’Atelier des Hurets, basé à Piffonds dans L’Yonne à une vingtaine de kilomètres de Courboissy. Ils étaient spécialisés dans les carreaux décorés en vogue dans les années soixante-dix.

LES CARREAUX DE FAÏENCE ÉMAILLÉS

L’Atelier s’est déplacé à Augy, puis Villeneuve sur Yonne. A l’arrêt de l’Atelier des Hurets, la fabrication de carreaux de faïence a été reprise par la société Solargil à Saint Amand en Puisaye puis a continué à Lucy le Bois dans les locaux de la Terre Cuite Avalonnaise dirigée par Yves Lairaudat.

A sa retraite, l’ensemble de son outillage ainsi que son émailleur sont venus renforcer la structure des Terres Cuites de Courboissy qui commercialisait depuis déjà 5 ans des carreaux de faïence émaillés.


LE FAÇONNAGE ET LA PREMIÈRE CUISSON

Dès leur arrivée à Terres Cuites de Courboissy, les pains d’argile blanche sont contrôlés et façonnés par étirage avec l’aide d’une mouleuse de petit modèle Dubois 25 puis découpés à l’emporte-pièce Rochet, afin de réaliser les formes souhaitées ou adaptées à la demande de notre clientèle.

Nous disposons de plusieurs formats de carreaux de faïence de Courboissy, selon les souhaits des clients.

Les carreaux de faïence sont alors séchés pendant plusieurs jours sur des étagères en bois, puis cuits jusqu’à 1020°c dans un four électrique qui transformera lentement l’argile en biscuit.

Les biscuits de faïence seront stockés dans l’atelier et permettront de réaliser rapidement à la demande les motifs et les couleurs souhaités par nos clients. L’émaillage peut se faire aussi sur des biscuits crues.

L’ÉMAILLAGE ET LA DEUXIÈME CUISSON DU CARREAU DE FAÏENCE

C’est le moment où tout le savoir-faire de notre maitre émailleur Norbert Baudouin entre en action… Selon les besoins de nos clients, il peut jouer avec les motifs et les coloris des carreaux de faïence, à l’infini!
Par différentes techniques, on dépose sur le support céramique ou carreau de faïence, une épaisseur d’émail de l’ordre de 0,5 à 1,5mm. Avant application, le biscuit est vérifié, légèrement poncé pour éviter les irrégularités notamment lorsqu’il est imprimé sur sa face arrière.

Pour l’application du motif du carreau de faïence, nous disposons de trois techniques en fonction du rendu souhaité : Tampons, Pochoirs et Écrans.

  • A l’aide de « tampons encreurs » qui permettent de répéter un dessin à l’infini.
  • A l’aide de pochoirs qui permettent de réaliser de façon rustique des dessins au pistolet.
  • A l’aide d’écrans qui permettent de reproduire des motifs fins et compliqués sur le carreau de faïence. Notre émailleur prépare des écrans, sorte de pochoirs spéciaux, correspondant au motif choisi et applique au pinceau l’émail de la couleur sélectionnée, à façon, un à un et manuellement.

En ce qui concerne les carreaux de faïence unis, deux applications sont possibles : l’émaillage par trempage et l’émaillage par pulvérisation.

L’émaillage par trempage du carreau de faïence

Le carreau de faïence à émailler, tenu à la main ou avec des pinces d’émaillage est plongé un bref instant dans le bain d’émail puis sorti. A ce moment-là, la couche d’émail emportée avec le carreau de faïence est encore fluide et elle se fige en quelques secondes. Des gestes bien contrôlés permettent d’obtenir une couche d’émail d’épaisseur convenable et uniforme sur notre carreau de faïence.

L’émaillage par pulvérisation du carreau de faïence

Les carreaux de faïence sont posés sur des grilles et le mélange Émail + Eau (contenant de l’anhydride phtalique, permettant une bonne répartition et un séchage rapide) est pulvérisé sur la pièce en fines gouttelettes, au moyen d’un pistolet alimenté en air comprimé. L’orientation du jet et la rotation du pistolet permettent d’obtenir, éventuellement en plusieurs couches, une épaisseur d’émail régulière sur le carreau de faïence. L’opération se fait dans une cabine d’émaillage équipée d’une aspiration pour éliminer les poussières d’émail, et éventuellement d’un système de récupération.

Le carreau de faïence est ensuite cuit une deuxième fois afin de fixer l’émail en fonction de son utilisation faïence ou céramique, et ce dernier pourra alors, durer (presque) éternellement…

Lorsque nous parlons des carreaux de faïence de Courboissy, on entend des carreaux stannifères, persillés, décorés, faïence murale, aux motifs fin XIXème, début XXème de Desvres et de Ponchon.
En effet, pour développer sa gamme de décors et de dessins, la société Terres Cuites de Courboissy s’est appuyée sur des catalogues existants.

En premier lieu sur les documents regroupés par Benoit Faÿ, qui a répertorié plus de 3000 exemplaires de carreaux de faïence différents dans son livre Le Monde Carré de Benoit Faÿ. Nous avons eu le plaisir de le rencontrer dans sa petite maison à pan de bois Bleu à Gerberoy dans l’Oise. Passionné par ces carreaux, ceux-ci trônaient dans tous les pièces de sa maison dans des boites en carton ou des caisses en bois avec des numéros correspondant à une époque ou à une fabrique. Ne manquez pas de visiter le Musée TERRA ROSSA, maison de la céramique architecturale à Salernes en Provence, où plus de 2000 carreaux de Benoit Faÿ sont exposés.

Photos ci-dessous : Musée de la céramique de Desvres
> Musée de la céramique de Desvres

Les Carreaux de Faïence de Delft

On nomme carreaux de Delft les carreaux de faïence produits dans la ville de Delft à partir du XVIème siècle, lorsqu’un groupe potier originaire des Flandres vint s’établir entre La Haye et Rotterdam. Les premiers carreaux de Faïence hollandais furent peints en polychromie à Anvers, dans le goût de la majolique italienne. C’est sous l’influence des porcelaines bleues et blanches venues de Chine grâce à la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, que les carreaux de Faïence devinrent bleus et blancs de façon prépondérante.

Ces Carreaux de Faïence mesurent en général entre 13 et 14cm de côté ; ils comportent le plus souvent 4 petits motifs d’angle qui entourent un élément central : paysage, fleur, scène biblique, animal, etc. Un ensemble de carreaux de Faïence forme parfois un tableau représentant un paysage, une scène de genre, une marine, ou le portrait d’un personnage célèbre. Il s’agit de carreaux de faïence recouvertes d’une couverte plombifère dont la teinte blanc opaque provient de l’addition d’oxyde d’étain (stannifère). L’engouement pour la faïence de Delft est tel que plusieurs pays se sont mis à fabriquer des imitations.

Par extension, on nomme également ainsi l’ensemble des carreaux de Faïence fabriqués aux Pays-Bas, que ce soit en Frise, à Utrecht, ou à Rotterdam, voire dans le nord de la France, en Belgique ou en Angleterre.

Les Carreaux de Faïence Ponchon

Le village de Ponchon au sud de Beauvais dans l’Oise, a vu naître en 1820 ses premiers carreaux de Faïence stannifères de grand feu. Ces décors sont réalisés grâce à des pochoirs en laiton avec des ajouts au pinceau directement sur l’émail cru. Ils seront utilisés, avec l’arrivée de l’eau dans les maisons pour la création de cuisines et de salles de bains. Les couleurs que l’on retrouve le plus souvent sont le bleu cobalt, le bleu de Sèvres, le brun de manganèse. Les carreaux stannifères sont faits d’une pâte argileuse, calcaire, généralement colorée en rose par des impuretés ferrugineuses et recouverte d’un émail blanc opaque à base d’étain qui masque la coloration du support. L’appellation faïence stannifère s’explique par l’emploi de l’oxyde d’étain pour obtenir une glaçure blanche.

En 1824, le village de Ponchon est renommé pour les carreaux de faïence stannifère que fabrique Pierre François Dumontier à Roye, hameau de Ponchon. En 1829, Jean-Baptiste Pomart, reprend la fabrique de son beau-père. Épousant une fille Pomart, Hildevert Alexis Decagny installe une dynastie de faïenciers au cœur de Ponchon. Dès 1885, les Decagny disposeront d’une machine à vapeur, c’est une avancée technologique importante à cette époque. Quelques années plus tard, en 1846, un troisième manufacturier, Pierre Noël Dupressoir, crée son entreprise au village où il était ouvrier auparavant. À Pierrepont, autre hameau du village, en 1852, Prudent Truptil, également ancien ouvrier de Ponchon, s’installe à son compte. En 1856, c’est au tour de Constant Hippolyte Leclerc qui est suivi par les frères Ledoux en 1861.

Les Tipret père et fils tentent leur chance mais échouent au bout de deux ans. Cependant, un huitième homme ose s’aventurer, Wulfrand Pépin, bien connu puisqu’il était instituteur au village qui, avec son successeur Petitpas, se lance dans la création des carreaux de faïence décorés avec les Fables de La Fontaine.

La pleine production s’établit avec six ateliers fonctionnant à plein rendement durant la seconde moitié du XIXème siècle. À cette période, la production annuelle de carreaux de faïence atteint 800 000 carreaux par atelier, soit 3,5 millions pour l’ensemble, vendu à Rouen (Seine-Maritime) et à Paris. On retrouve ces carreaux de Ponchon aussi à Giverny (Eure), dans la maison de Monet, à Medan (Yvelines) dans celle d’Émile Zola, ou chez Pierre Auguste Renoir à Essoyes (Aube)…

Cependant, la guerre de 1870 provoque un ralentissement et Paris n’est plus accessible à l’entrée des carreaux neufs. Après cette défaite, les fabricants retrouvent leur principal débouché avec la continuité des travaux entrepris par Haussmann, même si ce dernier a été renvoyé en 1869.

Cela décide les céramistes de Ponchon à s’unir. Ils créent l’association des fabricants de Carreaux de Faïence de Ponchon pour fortifier leurs réseaux de distribution. En 1855, on relève à Ponchon 4 fabricants de carreaux de faïence (Pommart, Dupressoir, Dumontier, Truptil). En 1870, ils sont 7 ateliers (Decagny, Dupressoir, Dumontier, Leclerc,Truptil, Ledoux et Tipret). Cet ensemble de fabricants s’effondrera dès 1914.

Mais le déclin est au bout du chemin, seule, l’ancienne faïencerie Dupressoir, devenue Daignas en 1914, résiste jusqu’en 1921.

Si le décor a été peint à la main, des pochoirs en bois sont utilisés pour accélérer la production, un pochoir par couleur. Cependant le tonnerre gronde à l’horizon, leurs concurrents industriels comme Creil, Gien ou Longwy, produisent des carreaux de faïence fine qui remportent un grand succès.

Géo Martel, Jules Verlingue et Henri Delcourt

Georges Martel, dit Géo Martel reprend la faïencerie Level en 1900. Jules Verlingue crée sa faïencerie en 1903 à Boulogne-sur-mer avec Monsieur Lagarde; d’où la marque LV sur certaines pièces. Il cède celle-ci à Henri Delcourt qui l’exploitera jusqu’en 1935. Ce dernier introduira la porcelaine après la première guerre mondiale.

Jules Verlingue reprend en 1917 la manufacture quimperoise de La Hubaudière pour reprendre la marque HB Quimper, confirmant ainsi les liens étroits qui unissent les centres faïenciers du Nord et de Bretagne.

Caractères stylistiques des Carreaux de Faïence

La faïence de Desvres acquiert sa renommée à travers la reproduction, « fait main », de pièces et de décors des plus célèbres faïenceries (Delft, Rouen, Moustiers…). Comme Malicorne, cette entreprise de reproduction nuit à l’apparition d’un style propre à Desvres. Seule une exubérance décorative, proche du baroque rocaille caractérise les productions locales.

Les sujets abordés sur ces carreaux de faïence, comme pour Quimper, empruntent au répertoire religieux (vierges et saintes), régionaliste (scènes de villages, paysans…) et maritime (pêcheurs et gens de la mer).

Les années art-déco marquent un tournant dans la production de carreaux de faïence de Desvres, tournée jusqu’alors vers la reproduction de styles anciens. Le style graphique de Gabriel Fourmaintraux, influencé par la bande dessinée ou le dessin animé, habille les pièces de carreaux de faïence aux couleurs franches aux aplats soigneusement cernés. Il produira des séries de carreaux de faïence inspirées de l’Afrique et une vaste gamme de pièces décoratives et d’objets publicitaires.

Comme à Quimper les manufactures de carreaux de faïence s’entourent de créateurs. Dès 1900 Géo Martel recrute des artistes dont les plus réputés sont Achille Blot (qui expose au salon des artistes français) ou le céramiste animalier Georges Charlet qui ira ensuite travailler chez Charles Fourmaintraux à la Belle Croix. Après la première guerre, le peintre et sculpteur Giovanni Léonardi, né en Sicile, vient s’initier à la céramique chez Géo Martel, il ira ensuite à Quimper grâce à son ami Max Jacob. Edouard Manchuel et bien d’autres travaillerons pour Géo Martel.

Les carreaux en Faïence Leclerc

Originaire de Lunéville en Meurthe et Moselle, Rémy Leclerc installé à Martres-Tolosane dès 1762 est à l’origine d’une brillante dynastie de faïenciers qui s’éteignit au tout début du XXème siècle. Une telle longévité, 140 ans d’activité continue, est remarquable.

Si « les Leclerc » enracinent la grande tradition faïencière martraise, leur déclin marque aussi la fin d’un système de production, celui de la « fabrique » au sens du XVIIIème siècle, c’est à dire quand le chef d’entreprise pouvait être à la fois »père-patron » et propriétaire terrien.

Les carreaux de faïence n’étaient pas une exclusivité Leclerc même si ces derniers s’en firent une spécialité ; des fabricants martrais tels que Dignat, puis Ané et Her en produisirent. Néanmoins, aucune de ces productions de carreaux de faïence, ne pût jamais rivaliser avec celle « des Leclerc ».

On considère que Jean-Pierre Leclerc commença la production de carreaux de faïence à Martres-Tolosane dans le premier quart du 19ème siècle. Jean Leclerc, le dernier faïencier de la famille, quitta Martres-Tolosane en 1899. On ignore si Charles Ajustron, son associé et parent, continua la fabrication après la faillite de la fabrique Leclerc; la faïencerie fonctionnait encore en 1902.

Les carreaux de faïence étaient surtout destinés à orner les dessus d’éviers ; panneaux modestes, assemblages souvent hétéroclites de carreaux de troisième choix, ensembles fleuris des cuisines de maisons bourgeoises ou de châteaux. On les trouve aussi en intérieurs de cheminées ou de fenêtres, et, ce qui était courant en Comminges, posés au sol, en plinthes, dans les greniers. Les carreaux en biscuits (non émaillés) étaient réemployés fréquemment en maçonnerie. Il est rare de rencontrer dans notre région la profusion et l’exubérance de certains intérieurs du Nord ou du Pas-de-Calais ; les carreaux de faïence demeuraient ici un produit de luxe.

Un lieu inattendu, « la Maison de Tante Léonie », au Musée Marcel Proust à Illiers-Combray (Eure-et-Loir), conserve un ensemble exceptionnel de carreaux Leclerc ; ils décorent la cuisine, les murs extérieurs et le hammam.

On peut estimer raisonnablement à 300 les modèles produits par la famille Leclerc en plus de 80 ans d’activité. Il est possible de les classer en quelques grandes catégories : 

Leclerc et ses contemporains

Les « Leclerc » n’eurent pas dans le Sud-ouest de concurrence directe ; on faisait certes des carreaux de faïence à Trèbes, à Castelnaudary, à Thiviers et ailleurs, mais ils ne visaient pas le même marché. Les carreaux de faïence Leclerc demeuraient un produit de « luxe ». La concurrence du Beauvaisis, du Pas-de-Calais, bien que paraissant plus lointaine était bien réelle ; Fourmaintreaux disposait déjà d’un réseau entreprenant et structuré de représentants de commerce, leurs produits étaient moins chers et de bonne qualité ; les carreaux de faïence étaient fabriqués en masse.

Les volumes de production de Leclerc n’étaient pas comparables à ceux de fabriques telles que Desvres, Ponchon, Aubagne, pour ne nommer qu’elles, dont certains chiffres donnent le vertige. Leclerc ne put franchir le seuil de la production « industrielle » pour diverses raisons ; on travaillait avec l’esprit et les méthodes du siècle précédent, ce qui avait ses raisons d’être dans un Comminges profondément rural et traditionnel où il fut toujours difficile de dire si l’on s’adressait à des agriculteurs qui faisaient de la faïence ou des faïenciers qui menaient des activités agricoles.

On fabriquait chez Leclerc toutes sortes de faïences, peintes, brunes, jaunes, blanches, platerie et pièces de formes, bénitiers, vierges, etc., et même des copies de » Martres Anciens » ; ce qui n’empêchait ni compétences professionnelles ni ouverture au monde et accès au marché international. En témoignent les exportations vers l’Amérique du Sud et l’Afrique du Nord. On serait surpris par la qualité des ouvrages techniques trouvés dans les bibliothèques des fabricants de faïence martrais, manifestement au fait des « textes » fondamentaux ainsi que des avancées technologiques du temps. Il va sans dire que les catalogues Fourmaintraux, Dupressoir, Truptil et autres Ponchons étaient connus à Martres, à moins que ce ne fût l’inverse. Une vingtaine de modèles sont communs à toutes les fabriques françaises.

L’originalité des carreaux Leclerc tient au fond à peu de choses : une puissante polychromie, une qualité de fabrication « artisanale », et surtout une série de motifs floraux particulièrement réussie, de la même main, probablement un peintre de passage, ce qui semblait être la tradition des fabriques de carreaux de faïence d’une certaine importance. En 1899, Jean Leclerc, le dernier des faïenciers de la dynastie, ruiné, part en Afrique du nord ; ses biens ou ce qui en reste sont vendus aux enchères, « en place publique  » à Martres-Tolosane.

Dans son exil, dernière ironie du sort, il trouve à grand peine une modeste chambre à Tunis. Il écrit à sa mère : « la décoration est fort simple les murs étant badigeonnés de chaux à cause des punaises, le plancher est formé de carreaux. Ils viennent de la maison. C’est le n° 47 encadré de vert et bleu. C’est un très bel effet. En le voyant j’ai eu un peu de regret… »

En exposition à la Maison Patrimoniale de Barthète

La collection Leclerc se compose d’un corpus de plus d’un millier de pièces réparties comme suit :

  • la collection « mère » : 250 carreaux et bordures de tous formats, au pochoir et peints à la main.
  • 38 panneaux de 16 carreaux.
  • 80 panneaux de 4 carreaux.
  • carreaux commémoratifs, plaques de rues, plaques du jardin des plantes de Toulouse.
  • dos, numérotations, pochoirs, carreaux à inscriptions.

Azulejos portugais

Un azulejo ou azuléjo désigne, au Portugal, en Espagne et au Brésil, un carreau de faïence ou un ensemble de carreaux de faïence décorés. Ces carreaux sont ornés de motifs géométriques ou de représentations figuratives. On les trouve aussi bien à l’intérieur de bâtiments qu’en revêtement extérieur de façade.

L’origine des azulejos portugais remonte au XVIème siècle, le roi Manuel 1er importe les premiers Azulejos d’Espagne afin d’en recouvrir les murs du Palais qu’il fait reconstruire à Sintra. A la fin du XVIIIème siècle, après le tremblement de terre de Lisbonne (1755), les Portugais décident d’utiliser la technique des azulejos pour reconstruire les façades de leur capitale. Les azulejos se répandent alors dans tout le pays et deviennent une véritable icône nationale. Il existe de multiples types d’azulejos. Certains sont géométriques d’autres sont figuratifs voire même abstraits. Ils peuvent être conçus pour être montés seuls, en apposition de façade. Ils peuvent aussi être conçus pour être montés en panneaux de multiples de 4 ou de 16 faisant alors apparaitre des motifs géométriques. Ils peuvent également être peints pour être montés en panneaux figuratifs de plusieurs mètres de côté.

Les azulejos les plus anciens retrouvés au Portugal sont des azulejos d’inspiration hispanique ou maure (arabe). A partir du XVIème siècle les premiers azulejos bleus si typiques apparaissent au Portugal. Les premiers sont importés de hollande, les hollandais s’étant eux-mêmes inspirés des faïences chinoises bleues et blanches. Aujourd’hui, l’azulejo a conservé toute sa place dans les tendances de la décoration à la mode portugaise. Les monuments modernes et les édifices publics y font appel. Les designers se sont également emparés de cette icône portugaise et bon nombre d’objets y font référence : objets de décoration bien évidemment mais aussi vaisselle ou textile reprennent les célèbres motifs géométriques ou figuratifs.

Les zelliges marocains

Le zellige (de l’arabe : زليج, petite pierre polie) est une mosaïque dont les éléments, appelés tesselles, sont des morceaux de carreaux de faïence colorés. Ces morceaux de terre cuite émaillée sont découpés un à un et assemblés sur un lit de mortier pour former un assemblage géométrique. Le zellige, utilisé principalement pour orner des murs ou des fontaines, est un composant caractéristique de l’architecture mauresque, originaire du Maroc, présent en Andalousie et dans de rares cas en Algérie et en Tunisie. Au Maroc, toutes les maisons traditionnelles en sont munies en signe décoratif, mais c’est aussi devenu le cas pour les maisons modernes. Sans doute inspiré de la mosaïque romaine puis byzantine, le zellige apparaît au Maroc, au Xème siècle, d’abord avec des nuances de blanc et de brun. Il s’est ensuite épanoui au XIVème siècle sous la dynastie des Mérinides avec l’utilisation surtout du vert et du jaune. Les Mérinides l’ont largement utilisé notamment à Fès et Meknès qui restent les centres de cet art. Au XVIème siècle, apparaît l’école de Tétouan, qui pratique l’art du zellige aux tons prédominants de vert turquoise, bleu pâle, jaune, brun et blanc. Le rouge ne sera utilisé qu’à partir du XVIIème siècle.

Le zellige est utilisé pour revêtir des murs, mais aussi parfois des sols. Les carreaux utilisés ont alors une épaisseur d’environ 2 cm. On utilise parfois alors un carré d’environ 10 × 10cm aux coins coupés pour être combiné avec un cabochon de couleur. Pour habiller les sols on utilise également le bejmat, pavé rectangulaire d’environ 12 × 4cm, souvent posé en chevron.

La première étape de la fabrication est le moulage de l’argile. S’ensuit le calibrage et le séchage du carreau formé, puis sa première cuisson. Les carreaux de faïence, d’une dizaine de cm de côté, sont ensuite émaillés et cuits. Les carreaux de faïence de différentes couleurs sont ensuite découpés selon des formes géométriques définies qui permet leur imbrication. Cette découpe artisanale s’effectue avec un marteau tranchant qui laisse apparaître un fin liseré de terre cuite mise à nu sur le pourtour des morceaux de carreaux découpés (« tesselles »). Le kassar est l’artisan chargé de tailler les carreaux en tesselles. Son marteau tranchant est nommé manqach. Après cette première découpe, l’étape suivante est le khallaç qui consiste à chanfreiner les tesselles en leur donnant des arrêtes régulières. On nomme en arabe « mâalem » l’artisan qui élabore les motifs géométriques, parfois d’une grande complexité. Il est en général capable de dessiner et d’assembler de mémoire les tesselles géométriques, et de les encoller directement sur les murs à décorer. Le combustible des fours traditionnels était les feuilles de palmier, les grands chardons blancs, et les branches de laurier rose.

Terres Cuites et Faïence de Courboissy, comme de nombreuses entreprises artisanales EPV, est la gardienne d’un savoir-faire français unique. Notre leitmotiv est la recherche de la préservation d’un patrimoine et de ses valeurs tout en s’adaptant à la demande du XXIème siècle. Notre volonté est de vous faire partager notre connaissance du monde de l’Argile, de la Terre Cuite et de la Faïence ou carrelage émaillé, de vous plonger dans cet univers où le travail est rythmé par les saisons, par la météo et Dame nature, de vous envoûter par ce lieu et de susciter auprès de vous cette même passion qui nous anime.